J'aperçois Olivier Le Guilly (vielle blague toulousaine). Il m'apprend que Darko a annulé le voyage à cause d'un problème d'oreille (de zoreille ?). Il n'a pas eu le temps de consulter un spécialiste et il avait un peu peur de l'avion, à cause des changements de pression. Il lui est arrivé de rester sourd un mois entier à cause d'un problème similaire. Principe de précaution. Donc point de Grand Maître.
Le stage d'entraîneur est maintenu, il se fera par visio-conférence. Vive internet ! Olivier servira de relais.
Un ancien joueur d'échecs, Daniel, nous attend dans le hall d'arrivée. Il est d'origine chinoise. Ses trois fils sont en métropole, tous ingénieurs. Nous récupérons des voitures de location. Daniel nous conduit chez lui. Deux grandes vitrines couvrent un mur du salon. Elles sont pleines de dizaines de trophées remportées par les enfants de Daniel et Ginette dans des tournois d'échecs. Ginette est aussi d'origine chinoise.
Il y a trois heures de décalage avec la métropole (j'ai failli écrire "avec le continent"). Il n'est que neuf heures du matin à Bastia mais déjà midi à St Denis de la Réunion. Daniel nous invite dans un restaurant proche de chez lui.
Je ne sais pas ce qu'est un boucané d'aubergine, alors je commande un boucané d'aubergine, avec un riz nature. Le garçon me demande si je souhaite une sauce au pois avec le riz. Daniel me fait signe que oui. Je prends donc une sauce au pois avec le riz. Le boucané est composé de lard de porc fumé (boucané). Les morceaux sont généreux, fondants, délicieux.
Avant de nous rendre dans le sud de l'Île, nous visitons rapidement Saint-Denis. L'air est humide et chaud, il fait vingt degrés de plus qu'à Paris et dix de plus qu'à Ajaccio. Daniel nous sert de guide. Dans les rues, les filles ont la peau cuivrée. J'ai en tête, une chanson de Gainsbourg "Dans la chaleur torride de sa croupe d'airain …" (la fin est assez vulgaire).
Une mosquée côtoie une cathédrale. Un temple tamoul jouxte une synagogue. Les magasins indiens vendent des produits thaïlandais. Les filles ont la peau couleur de miel.
J'ai lu, je ne sais où, que l'Île Bourbon était devenue l'Île de la Réunion à cause des nombreux mariages mixtes.
Nous longeons le front de mer et, de-ci de-là (va chemine, va trottine…), nous voyons des tas de branches ou de galets amassés. Vestiges du cyclone. Ce sont quasiment les seules traces apparentes, elles ne sont guères visibles. Il y en a d'autre comme les teintes marron de l'océan proche du rivage. L'Océan Indien redevient bleu en s'éloignant de l'Île. Daniel nous montre quelques arbres dont les feuilles semblent brûlées. Expression créole : elles sont chagrinées à cause du vent. Le vent n'a pas été extrêmement violent mais il a duré une journée entière. La plupart des fruits sont tombés des arbres. Les légumes aussi sont devenus plus rares.
Olivier et moi devons nous rendre au sud de l'île, en voiture. Je regarde la carte, nous sommes plein nord. J'ai encore mes repères corse, il nous faudrait au moins cinq heures de route pour faire le trajet dans mon île. Ici, nous en aurons pour moins d'une heure et demie.
Nous quittons Saint Denis pour passer Saint-Paul, Saint-Gilles, Saint-Leu. Serait-ce le 1er novembre ?
Dois-je vous décrire le trajet ? Des photographies seraient plus parlantes, mais je n'ai pas voulu utiliser mon appareil en conduisant. A droite l'Océan, à gauche des collines vertes puis des Montagnes sombres. Je suis surpris par la densité des constructions. Le littoral est épargné mais l'intérieur des terres est occupé sans discontinuité depuis notre départ, et nous avons parcouru plus d'un tiers de la circonférence de l'Île. Il est vrai qu'il y a 800 000 habitants. L'horizon est très vaste pour deux raisons : la route est en hauteur et l'Île est ronde. Je suis habitué aux calanques et aux golfes, c'est-à-dire à une mer enfermée. La Corse est allongée et la Côte Est y est très découpée. La Réunion est arrondie la côte est nette.
Malgré la chaleur, les plages sont quasi désertes : je n'aurai pas besoin de rentrer mon ventre. J'aperçois des surfeurs et je me demande si les requins les aperçoivent aussi. Nous sommes dans l'hémisphère sud, à l'Est de l'Afrique et je lis ce panneau "Pavillon Bleu de l'Union Européenne".
L'Etang-Salé s'étend devant nous. Nous nous rendons sur les hauteurs. Jean-Marie, le Président de la Ligue, n'est pas encore chez lui. Olivier me conduit donc chez Gisèle qui nous héberge. Giselle est aujourd'hui à la retraite. Elle et son mari ont commencé à travailler à l'âge de neuf ans.
Un petit oiseau rouge, appelé "cardinal" s'est posé à côté de mon ordinateur.
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