lundi 19 mars 2007

Jour 4 - samedi 10 mars - Maïdo - Mafate

Samedi matin, je m'aventure dans le centre de l'Ile. Les routes tournent comme en Corse mais elles sont deux fois plus larges. A mi-chemin de la montée, on aperçoit des arbres couchés. Imaginez un champ de blé dans lequel se sont roulés deux (ou trois) amoureux. Remplacez le champ de blé par une forêt, et remplacez les amoureux par un cyclone. Vous aurez ainsi une bonne image du spectacle. Le spectacle étant les arbres allongés et non pas les amoureux enlacés.
Il y a très peu de traces du passage du cyclone mais celle-ci est l'une des plus spectaculaires. D'autant plus spectaculaire que le reste est intact, propre.
La montée continue et je suis impressionné par les nombreux endroits aménagés pour pique-niquer. Nous roulons au milieu des nuages, on se croirait à Venaco. Puis nous roulons au dessus des nuages. La voiture se gare et elle nous abandonne sur un parking plus ou moins sauvage.
Les dernières centaines de mètres se font en marchant. Je suis un sportif. L'air est frais, nous sommes à 1200 mètres d'altitude (je crois). Le soleil se montre par intermittence. Quelques rares touristes ne gâchent pas trop le site.
Une falaise ! Longue. Des barrières en bois nous empêchent de sauter. Je me penche par dessus la barrière. Je ne vois pas le fond de la vallée qui se perd plusieurs centaines de mètres plus bas. Les nuages cachent la vue. L'horizon est blanc. De l'endroit où je suis, j'aperçois la brume qui monte à grande vitesse le long de la falaise. On me raconte que les parapentes qui se lancent d'ici (Le Maïdo) ont tendance à revenir instantanément au Maïdo tellement le courant ascensionnel est fort. C'est alors que le miracle se produit …


Les nuages s'écartent et Mafate apparaît.
Imaginez une montagne verte de laquelle s'écoulent des dizaines de cascades. Trois ou quatre villages dans d'immenses cirques, au pied d'une chaîne de montagne. Vous dominez ce paysage sauvage. L'ensemble s'étend devant vous dans une vision panoramique… et les nuages reviennent. La vision disparaît. Le jeu des nuages : apparition/disparition se reproduit plusieurs fois. A chaque fois, c'est un morceau différent qui surgit. Des cascades. Un village. Un autre village. D'autres cascades. Une masse montagneuse.


Il n'y a pas de route à Mafate, on y accède à pied ou en hélicoptère. Il y a quelques années, le facteur faisait sa tournée… à pied ! pendant quinze jours. Il dormait sur place, chez des habitants, puis il rentrait et se reposait quinze jours. Aujourd'hui, la distribution se fait en hélicoptère. Faut-il préciser que les habitants ne bougent pas beaucoup, et qu'ils vivent en autarcie ?
Il m'est difficile de décrire sans abuser d'adjectifs. Grandiose. Époustouflant. Une sensation de vertige, puis le souvenir de cette sensation quand les nuages s'interposent.
J'ai pris des photos mais elles ne rendent pas cette impression de vide, de relief, le souffle et la pureté, la clarté de l'air. Le vertige.
Nous observons, à plusieurs kilomètres de distance, les habitations de Mafate. Les habitants de Mafate nous observent-ils.

Quelques minutes plus tard, je suis sur une plage de sable blanc, à St. Gilles. Une barrière de corail protège les plongeurs des vagues et des requins. Je nage au milieu de poissons couleur turquoise avec des images de montagne plein la tête.

Le soir, chez le Président Barré, il y a un espadon dans mon assiette. L'espadon a été découpé en petit cube, ce qui le rend plus facile à manger par un être humain.

Entendu à la radio : "La température de l'air est de 30° et la température de la mer est de 30°"

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