samedi 24 mars 2007

Dimanche 18 mars : Repos.

Je fais la grasse matinée jusqu'à 07h00. Puis, direction la plage de l'Hermitage. Je prends des couleurs, surtout du rouge.
Ai-je précisé que je ne suis rémunéré que pour les quatre jours de stage ? Que de mauvaises âmes n'aillent pas faire croire que je suis indemnisé quand je vais à la plage :-)

Le soir, nous allons chez Jean Olivier qui nous accueille chaleureusement malgré l'heure tardive. Il a préparé des pâtes, son fils, Tom, quatorze ans, est content. Charles Roblet a apporté une excellente bouteille, ce qui prouve qu'il est plus civilisé que moi. Je présente mes excuses à Marie Olivier car nous avons un peu parlé d'échecs. Marie a préparé un gâteau que nous avons grignoté sans nous en rendre compte, en dégustant du rhum arrangé. Je vous expliquerais plus tard comment ils arrangent le rhum à ranger. J'ai oublié si elle était originaire de Nantes ou d'Alsace… un pays polaire en tout cas.

L'hôtel est fermé. Après avoir réveillé la moitié de la ville de St Denis, nous passons des coups de fils à de braves gens qui nous proposent de venir chez eux… puis le gardien de nuit apparaît au bout de vingt minutes. Il remonte sa braguette et nous signale qu'il est désolé, qu'il avait un problème au troisième étage.

Samedi 17 mars : Examen informatique au Tampon.

Nous passons à côté du pont qui s'est écroulé suite au cyclone. La circulation est alternée et altérée. Ce pont sert de … pont entre le Nord et le Sud de l'Île. Je suis logé au sud du Nord. Ce qui fut un fleuve qui dévasta un pont immense est aujourd'hui une large étendue de cailloux entre lesquels passent un maigre filet d'eau. Nous roulons sur une quatre-voies bordée de palmiers, de bananier, de cocotiers. Le bas-côté est couvert de laurier rose en fleur. Direction la ville du Tampon où quelques jeunes suivent un stage pendant deux jours. Je me charge d'occuper les parents avec l'examen informatique sur le Système Suisse. Nous arrivons au club, grâce au plan réalisé par Jacky. Le club est dans un grand bâtiment regroupant différents sports. La salle dédiée aux échecs est très grande, fraîche.
Pierre, notre aîné, arrive à moto. Il a un peu de mal à allumer l'ordinateur… puis tout se passe bien. Il évite surtout les pièges des concepteurs de sujet : joueurs qui partent sans prévenir, orthographe exotique des noms de famille qui rend impossible la recherche dans la base, Elo à modifier, etc.
Je retrouve Jacky Blard et ses deux fils. Toute la famille a suivi le stage d'arbitrage. Jacky est instituteur, il est très actif pour son club.
Nous sommes le matin. L'examen dure toute la matinée.
En milieu d'après-midi, il y a une trentaine de personnes qui s'affairent autour des échiquiers. L'ambiance est détendue, le stage d'entraînement se déroule sans problème.

stage arbitre - suite

Jeudi 15, Vendredi 16 mars

Le plus jeune du groupe, Yoann (12 ans), fait une remarque sur la règle du roque dans l'article sur la pièce touchée. Il y a une petite imprécision dans la traduction "that rook" (cette tour) est devenu "la tour". Il y a donc une certaine ambiguïté. La version française laisse entendre qu'on peut utiliser l'une ou l'autre des tours. Il faudra que j'en parle à Laurent Freyd, le Directeur des traductions de la Commission des Arbitres. Douze ans ! Humilié par un enfant de douze ans … bouhouhou…

Jeudi soir, je retrouve quelques stagiaires pour le repas. Je commande une brochette de poisson. Dans la nature, la daurade coryphène mesure 1m70 mais la brochette que la serveuse m'apporte est moins longue. Tom, quatorze ans, mange des pâtes.

Pierre Bremond, l'aîné du groupe, me dit qu'il faisait partie du club d'Avignon, quelques années auparavant (japonais, comme dirait Mr M.). Il me demande de saluer Christian Bernard de sa part, et me dit beaucoup de bien de l'ancien patron de la DNA. Je ne le contredis pas et passe le message à Christian qui lui renvoie son salut amical.

Chacun rentre chez soi et, le soir, Tom, quatorze ans, mange des pâtes.

Stage d'arbitrage

Mardi 13, Mercredi 14, Jeudi 15, Vendredi 16 – Stage d'arbitrage
Beaucoup de travail.

Sur le panneau rouge, il est écrit : "BAIGNADE DECONSEILLEE, PRESENCE DE REQUINS"

Ce n'est certes pas l'usine ou la récolte de la canne à sucre… mais comme il n'y a pas de climatisation, et comme je passe la journée à parler, je bois, je bois beaucoup, je bois beaucoup d'eau, je bois beaucoup d'eau tiède.
Notre hôtesse me voit écrire et me demande si je veux encore un morceau de mangue. Bien sûr que je veux un morceau de mangue !
Où en étais-je… ? Ah, oui, je souffre :-)

On m'avait présenté les stagiaires comme des jeunes de 15 à 20 ans. J'ai dû mal comprendre. Ils sont six jeunes de 12 à 14 ans et six "adultes" de 17 à 65 ans. Je m'adapte, je m'adapte.
Le départ est un peu difficile car les Livres d'Arbitre et les Livre de la FFE sont quelque part entre Magny les Hameaux et St Denis de la Réunion.
Nous travaillons avec des photocopies réalisées chez le président Barré. Nous travaillons également avec les ordinateurs portables qui sont devenu le prolongement naturel de l'être humain du XXIe siècle. Bidibipidibip !

Malgré la population très hétérogène, le stage se déroule bien, dans une bonne ambiance. Les choses s'améliorent mercredi, quand les Livres arrivent. Le stage se déroule très bien, dans une très bonne ambiance.

Le soir je rejoins des stagiaires au restaurant. Je commande un filet de kangourou car je n'ai jamais mangé de ce marsupial.
Je fais remarquer aux convives que, plutôt que de servir du filet, il serait plus judicieux de proposer un sauté de kangourou. A la table, tout le monde applaudi ce bon mot. Il est vrai que je suis le chef… Comment ? Euh… oui, en fait personne n'a relevé ma blague culinaire mais il est vrai que la cuisine créole est déjà suffisamment relevée.
Vous ais-je dit que le filet de kangourou était accompagné de chouchou ? Non. Alors je vous le dis : le filet de kangourou était accompagné de chouchou. Quelque chose entre la patate douce et la blette. Tom, quatorze ans, mange des pâtes.

Stage d'entraineur

Lundi 12 mars :

Debout à six heures du matin. Stage de formation d'entraîneur. Je roule vers St Denis. A la radio j'entends à plusieurs reprises qu'il y a eu un accident, un piéton a été renversé par un camion. Humour noir involontaire : A un moment, la journaliste dit "Route Nationale 2, je vous rappelle qu'une femme a eu les jambes sectionnées : la circulation a été coupée".

J'arrive au club "L'Echiquier du Nord", grâce au plan réalisé par son Président, Jean Olivier. En sortant de la voiture, j'étouffe dans l'air humide et tiède. Le bâtiment est une maison de quartier pour les jeunes. Devant l'entrée, il y a cinq personnes autour d'une table. J'entends claquer des pièces. Je me réjouis et m'approche… ils jouent aux dominos. Le sport national.
Les joueurs d'échecs sont à l'étage, dans la salle informatique climatisée. J'y monte, j'y entre.
Sur un grand écran, j'aperçois le visage de Darko Anic qui s'exprime avec son sympathique accent des balkans. Je me fais discret (c'est ma spécialité depuis l'age de cinq ans). Les cours sont donnés en video-conférence. Olivier Letreguilly a été réquisitionné pour servir de relais. Son rôle est de passer des powerpoints (diaporama) et de demander à Darko de répéter sa dernière phrase.
Profitant d'un temps mort, je salue tout le monde et me dirige vers le Président Jean Olivier et son fils Tom Olivier (comme ça vous savez que le nom de famille est Olivier. Quel talent dans l'économie de moyens pour faire passer un message avec un minimum de mots !)
J'implore un café. On me sert un café. Comme je n'interviens que l'après-midi, je me détends, me repose et écoute l'exposé du Grand Maître en observant l'assistance. Ils posent des questions intelligentes…. enfin, je crois.

Quand je me réveille, il est midi passé. Nous cherchons un petit endroit pour manger. Ce sera une sympathique petite camionnette. Des tables sous un auvent. Des barquettes. Le vent est assez fort. Il y a un cyclone qui se dirige vers Madagascar. La Réunion y échappe mais quelques bourrasques sont là pour nous rappeler que nous sommes dans une région de cyclones tropicaux. Nos serviettes en papier s'envolent. Laissez voler les p'tits papiers…

L'après-midi, je réalise mon brillant exposé qui porte sur les règles du jeu, les compétions fédérales, les départages, le classement elo fide et les titres internationaux… respirez !
Je suis toujours surpris par les énormités que peuvent sortir des joueurs à plus de 2000 elo (des joueurs internationaux expérimentés). Ils ne savent pas comment proposer ou demander la nulle, ils ne savent pas noter (!), et ils ne connaissent pas le rôle du capitaine ni la limite de ses interventions. Nuls sur le classement Fide, il ne connaissent rien aux titres de Maître ou de Grand Maître.
A la fin de mon intervention, Darko pose quelques questions aux stagiaires qui répondent correctement. Je leur laisse un peu de documentation sur des clefs usb, pour qu'ils puissent réviser à l'aide de leurs ordinateurs. Je rentre immédiatement, demain commence le stage d'arbitres, au sud.

Je longe l'océan et la voiture qui me précède reçoit un paquet de mer sur le pare-brise. Je songe que lorsque le cyclone est passé, le mois dernier, il y avait des vagues de plus de quinze mètres. Je ronge mon frein (j'allais tout de même pas écrire que je me ronge un ongle, c'est dégoûtant), mes doigts se resserrent sur le volant. Je plonge (c'est le dernier mot en "onge") mon regard sur la côte déchirée avec sa roche noire volcanique.

Cilaos, 1200 m d'altitude

Et dire que Akkhavanh pensait qu'il n'y avait qu'un Laos.
Il y en a 6 !


sur la route :


dans le village




la sortie du village (à droite, un homme escalade)

Dimanche : AG de la Ligue de la Réunion.

J5 Dimanche 11 mars

Dimanche, lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi : pas de plage, pas de montagne. Du travail, du travail, du travail. Uniquement de la formation d'entraîneurs, d'arbitres. Rencontre avec les dirigeants d'aujourd'hui et de demain.

Retour brutal dans le monde du jeu d'échecs, ses dirigeants, ses clubs, ses querelles.
Face à face : un président dévoué qui travaille seul, et de braves gens pleins de bonne volonté qui ont du mal à s'investir... autre présentation possible : un président despotique et des clubs égoïstes.
Les candidats au bénévolat ne se bousculent pas à la Ligue de La Réunion : aucune candidature au Comité Directeur. Résultat : Le Président se retrouve seul… et les clubs du Nord l'accusent de travailler seul. Le Président accuse les autres de ne pas s'investir sérieusement. Les dirigeants de clubs accusent le Président de les décourager. Vous aurez compris que le principal souci est de faire travailler ces gens ensembles.
Si je peux me permettre de donner mon avis sur une situation que je connais mal… non, je ne peux pas me permettre de donner mon avis. Constat : chacun travaille pour son club et ce n'est déjà pas si mal.
Il est triste de voir que ces gens qui croient ne pas être d'accord ont, en fait, la même vision de développement, les mêmes désirs.

Alors pourquoi continuent-ils à s'accuser ? "Mon Club fait plus que le votre !", "Vous ne proposez que des choses pour vous-même !", "Votre Club ne fait rien"… triste "débat". Comme souvent, les problèmes de personnes prennent le pas sur les projets communs.
Il manque un fédérateur, quelqu'un qui serait au-dessus de la mêlée, quelqu'un capable de motiver une équipe. Mais il manque aussi une équipe ! C'est la priorité si on veut que le nombre de licenciés ne stagne pas à moins de 400 joueurs sur une population de 800 000 habitants.

Mme Paoli, représentante de la Jeunesse et les Sports de la Réunion assiste avec un regard triste au triste spectacle. Il y a une crise à la Ligue de la Réunion et cette crise dure… depuis des années.
Mme Paoli intervient de façon pertinente : elle reprend les statuts et rappelle que le fonctionnement de la Ligue impose la création de commissions. Aujourd'hui, ces commissions n'existent pas. J'interviens dans le même sens.

Prenons le cas de l'arbitrage (les autres secteurs lui ressemblent). Le fonctionnement est le suivant :
- Sur le terrain : Le Président arbitre la plupart des compétitions. Deux autres arbitres complètent l'effectif. Deux ou trois autres arbitres interviennent moins d'une fois par an. Pour les Opens Internationaux : des arbitres internationaux venus de métropole (JP Touzé, JC Basaille,…)
Commentaire : La situation est anormale. Le Président de la Ligue n'est pas dans son rôle. Ses interventions devraient être beaucoup plus limitées, et l'objectif doit être que le Président de la Ligue n'arbitre aucune compétition. Ce n'est pas le rôle d'un Président de Ligue. Il faut absolument séparer les pouvoirs. Mais d'après le Président, s'il ne le fait pas lui-même, personne ne le fait
- Direction Régionale de l'Arbitrage : C'est le Président qui rempli ce rôle. Personne n'établi un calendrier pour l'arbitrage des compétitions officielles. Personne ne s'occupe de transmettre les informations de la DNA…
- Formation : C'est le Président qui tient ce rôle. Donc personne ne suit l'évolution des règles Fide et FFE. C'est encore le Président qui a mis en place le stage que j'anime mais il semble que Charles Roblet (AF3) a joué un petit rôle. Je ne sais pas exactement.

Solution : Le Président doit nommer un Directeur Régional de l'Arbitrage.
Nouveau problème : Sera-t-il compétant ? Fera-t-il son boulot ?
Solution : Il faudra que le Président l'aide.
Problème : Si c'est pour faire le boulot à sa place, à quoi bon nommer un DRA ?
Solution : Il faut le former jusqu'à ce qu'il devienne autonome.
Problème : Si c'est pour faire le boulot à sa place, à quoi bon nommer un DRA ?

Conclusion : Le Président actuel est certainement le plus compétant de la Réunion pour diriger l'arbitrage. Il n'a pas la volonté politique de former quelqu'un pour le seconder dans cette tache.
Ce constat peut s'étendre à l'ensemble des secteurs. Si quelqu'un critique ou propose d'aider, la réaction présidentielle est (je caricature) : "OK, tu veux t'en occuper. Débrouille toi tout seul." Il est évident que les bonnes volontés ne sont pas encouragées… mais y a-t-il des bonnes volontés prêtes à s'investir au-delà de leur club ?
C'est le Président qui dirige la Commission Technique, c'est le Président qui sélectionne les jeunes pour le Championnat de France, c'est le Président qui gère le secteur scolaire, c'est le Président qui diffuse des cours, il donne lui-même des cours, c'est lui qui met en place la formation, il préside la commission de discipline, etc. On ne peut pas l'accuser de ne pas être actif. J'espère qu'il a un bon cardiologue.
Un petit espoir : le secteur féminin qui vient d'être créé. La femme est l'avenir de l'homme comme disait Landru.

lundi 19 mars 2007

photocean







Jour 4 - samedi 10 mars - Maïdo - Mafate

Samedi matin, je m'aventure dans le centre de l'Ile. Les routes tournent comme en Corse mais elles sont deux fois plus larges. A mi-chemin de la montée, on aperçoit des arbres couchés. Imaginez un champ de blé dans lequel se sont roulés deux (ou trois) amoureux. Remplacez le champ de blé par une forêt, et remplacez les amoureux par un cyclone. Vous aurez ainsi une bonne image du spectacle. Le spectacle étant les arbres allongés et non pas les amoureux enlacés.
Il y a très peu de traces du passage du cyclone mais celle-ci est l'une des plus spectaculaires. D'autant plus spectaculaire que le reste est intact, propre.
La montée continue et je suis impressionné par les nombreux endroits aménagés pour pique-niquer. Nous roulons au milieu des nuages, on se croirait à Venaco. Puis nous roulons au dessus des nuages. La voiture se gare et elle nous abandonne sur un parking plus ou moins sauvage.
Les dernières centaines de mètres se font en marchant. Je suis un sportif. L'air est frais, nous sommes à 1200 mètres d'altitude (je crois). Le soleil se montre par intermittence. Quelques rares touristes ne gâchent pas trop le site.
Une falaise ! Longue. Des barrières en bois nous empêchent de sauter. Je me penche par dessus la barrière. Je ne vois pas le fond de la vallée qui se perd plusieurs centaines de mètres plus bas. Les nuages cachent la vue. L'horizon est blanc. De l'endroit où je suis, j'aperçois la brume qui monte à grande vitesse le long de la falaise. On me raconte que les parapentes qui se lancent d'ici (Le Maïdo) ont tendance à revenir instantanément au Maïdo tellement le courant ascensionnel est fort. C'est alors que le miracle se produit …


Les nuages s'écartent et Mafate apparaît.
Imaginez une montagne verte de laquelle s'écoulent des dizaines de cascades. Trois ou quatre villages dans d'immenses cirques, au pied d'une chaîne de montagne. Vous dominez ce paysage sauvage. L'ensemble s'étend devant vous dans une vision panoramique… et les nuages reviennent. La vision disparaît. Le jeu des nuages : apparition/disparition se reproduit plusieurs fois. A chaque fois, c'est un morceau différent qui surgit. Des cascades. Un village. Un autre village. D'autres cascades. Une masse montagneuse.


Il n'y a pas de route à Mafate, on y accède à pied ou en hélicoptère. Il y a quelques années, le facteur faisait sa tournée… à pied ! pendant quinze jours. Il dormait sur place, chez des habitants, puis il rentrait et se reposait quinze jours. Aujourd'hui, la distribution se fait en hélicoptère. Faut-il préciser que les habitants ne bougent pas beaucoup, et qu'ils vivent en autarcie ?
Il m'est difficile de décrire sans abuser d'adjectifs. Grandiose. Époustouflant. Une sensation de vertige, puis le souvenir de cette sensation quand les nuages s'interposent.
J'ai pris des photos mais elles ne rendent pas cette impression de vide, de relief, le souffle et la pureté, la clarté de l'air. Le vertige.
Nous observons, à plusieurs kilomètres de distance, les habitations de Mafate. Les habitants de Mafate nous observent-ils.

Quelques minutes plus tard, je suis sur une plage de sable blanc, à St. Gilles. Une barrière de corail protège les plongeurs des vagues et des requins. Je nage au milieu de poissons couleur turquoise avec des images de montagne plein la tête.

Le soir, chez le Président Barré, il y a un espadon dans mon assiette. L'espadon a été découpé en petit cube, ce qui le rend plus facile à manger par un être humain.

Entendu à la radio : "La température de l'air est de 30° et la température de la mer est de 30°"

vendredi 16 mars 2007

Premier bain dans l'océan infesté de requins


2 vues de ma chambre à 6 h du matin

Jour 3 (vendredi 09 mars) :

Matin, préparation du stage d'arbitre et de ma courte (trois heures) intervention avec Darko Anic pour le stage d'entraîneur.
Pendant que j'écris ces lignes, une palme se détache d'un arbre et tombe dans le jardin qui est devant moi. Conséquence du passage du cyclone.
Il n'est pas facile de travailler dehors quand il fait trente degrés. La température est tempérée par une légère brise. Je suis à l'ombre et, devant moi, la mer à perte de vue (je n'ai jamais compris cette expression… peut-être parce que je suis myope). En fait, il est assez facile de travailler ici. Le thé vert est encore chaud mais il ne se marie pas parfaitement avec la confiture de banane.
Le stage me pose de petits problèmes techniques : Les élèves sont âgés de 12 à 65 ans.

Midi : Thon massalé. Qu'est-ce que le thon massalé ? Et bien, c'est du thon avec du massalé. Tout simplement. Le thon, l'espadon et la daurade cauryphène sont des produits locaux. La plupart des autres poissons sont importés.

Après-midi : Plage de l'Etang-Salé-les-Bains. Le sable semble gris sombre, mais en le regardant de près, on s'aperçoit qu'il est composé de grains noirs comme de la lave de volcan et d'autres grains dorés. Quand je quitte mes chaussures, j'ai l'impression de marcher dans le feu. A la Réunion, il y a de nombreux temples tamouls. Dans ces temples tamouls, il y a chaque année des cérémonies de marche sur de la braise.
Il est parfaitement impossible de marcher pieds nus sur cette plage. Je regarde de loin le petit groupe qui est sur ma gauche. Ils portent tous des "sandales deux doigts" (expression créole).

Je cours et plouf ! Pardon, je reprends : N'écoutant que mon courage, d'un mouvement athlétique, je m'élance vers l'onde sauvage. L'extrémité de mes jambes volent au dessus du sable doré, afin d'en éviter la cruelle brûlure. Le premier contact avec l'Océan Indien s'exprime dans une explosion d'écume aux exhalaisons iodées. Bref : je cours et plouf !

Me voilà barbotant dans l'Océan Indien, et (dois-je l'avouer ?) j'ai une certaine appréhension en pensant aux requins. J'ai lu que ces braves monstres ne s'approchent des côtes qu'en hiver. Mais les requins savent-ils que c'est la fin de l'été ici, alors que c'est l'hiver en métropole ?
Me voilà donc, observant les cocotiers depuis l'océan, à me demander à quel calendrier se fient les requins. Soudain, je me retourne, et derrière moi, il n'y a rien de spécial. Je me calme un peu et je reprends ma brasse.
Un ou deux surfeurs par an se font attraper par un ou deux requins. Ces sacrifices suffisent à apaiser les dieux. Des légendent identiques se colportent sur le volcan qui réclame régulièrement une victime afin de se calmer.


Soir ciné à St Paul (voir cinéchecs)

mardi 13 mars 2007

Jeunesse et Sport

Lors de l'AG de la Ligue de la Réunion, une représentante de la Jeunesse et des Sport.

A gauche sur la photo.

Elle s'appelle Madame Paoli et sa famille est de Castagniccia.

lundi 12 mars 2007

2e jour

Je me réveille vers 07h30 (04h30 en métropole). Sur la table du petit-déjeuner, il y a des confitures de fruits dont je ne reconnais pas les noms. Notre hôtesse me montre les trophées d'échecs laissés lors de tournois. Le socle est en pierre volcanique. La propriétaire des gîtes me raconte que : lorsque des clients lui demandent si elle joue aux échecs, elle leur répond que oui et qu'elle est forte, la preuve, elle a des trophées. Puis elle part d'un grand éclat de rire.
La sympathique retraitée me montre une plante "Quatre Epices" avec laquelle on réalise quatre épices. Une autre plante se referme et semble se faner instantanément dès qu'on la touche. Elle reprend sa forme quelques minutes plus tard. Il y a aussi des "patates en l'air", sorte de pommes de terre qui poussent en l'air. Des goyaves et des goyaviers qui sont deux fruits différents. Des "fruits délicieux" qui ressemblent à un serpent au goût de banane. Des avocats, des mangues… Je n'ai pas cité la moitié de ce qu'elle m'a montré, et n'avons pas marché plus de dix pas ! Demain, je verrais la suite du jardin. Il est temps de se reposer de cette longue promenade :-)

Je mets un peu d'ordre dans mes notes pour le stage d'arbitrage.

Connaissez-vous la Daurade Coryphène ? Moi non plus, alors je la mange.

L'après-midi, nous retrouvons le Président Barré qui s'est caché sous une pile de documents administratifs. Les simples licenciés ne réalisent pas le travail de fourmi fourni par les bénévoles (j'avais écrit "réalisé par les bénévoles" mais cela produisait une répétition inélégante). Consultation de courriers électroniques, téléchargement de documents. Vive la révolution des télécommunications.
Quand nous avons terminé de travailler et je dis bien quand nous avons terminé de travaillé, le Président Barré nous propose de goûter un punch à la goyave. Quand le punch à la goyave est terminé, nous goûtons les goyaves. Quand les goyaves sont terminées, nous goûtons un punch à la vanille. Et là vous vous dîtes que nous avons passé la soirée à boire… alors que nous n'avons pris que deux verres. Quel talent d'écrivain !


Hier, pendant la nuit, j'ai contemplé un ciel d'étoiles qui n'existe pas dans le Nord.

dimanche 11 mars 2007

1er jour (suite)

Le sable n'est pas gris, il est noir et doré


1er jour (suite) :


Nous avons, Olivier et moi, chacun notre voiture. Je me laisse guider par le Maître Fide qui vient régulièrement dans le sud de l'Île. Gisèle nous entend arriver et ouvre le portail pour laisser passer les voitures. Gisèle sourit, elle est très volubile. En l'entendant parler, je me dis qu'elle doit trouver que nous avons un accent prononcé.
Nôtre hôtesse nous propose à boire. Je demande un café et elle m'apporte un café. Olivier demande de l'eau et elle lui apporte du jus de citron. Olivier n'aime pas le citron. Giselle lui apporte de l'eau et je goûte le jus de fruit maison. Il est très sucré et réalisé avec des citrons chinois, petits, verts et ronds qui poussent dans le jardin.
Olivier prend possession de sa chambre. La chambre de Darko Anic restera inoccupée. Gisèle me demande de choisir entre les deux chambres restantes. Même surface, même climatisation, même moustiquaire, mêmes meubles. Comment voulez vous que je choisisse ?

Le temps de s'installer sommairement, nous retournons chez Jean-Marie, le Président de la Ligue d'Echecs. Je l'avais rencontré deux ou trois fois. La dernière rencontre avait eu lieu à Belfort, lors du Championnat du Monde Jeune. C'est un homme généreux, exigeant avec lui-même et donc avec les autres. Physiquement, il ressemble à l'acteur Louis Veil, en plus jeune, et sa fine moustache lui donne parfois l'air d'un colonel britannique (Alec Guiness dans "Le Pont de la Rivière Kwaï").

Nous faisons rapidement le point sur les activités "officielles" qui nous attendent. Assemblée Générale de la Ligue (le Président Fédéral doit me passer des compléments d'information). Stage de formation d'arbitre, examens. Participation au stage d'entraîneur pour les règlements fédéraux, l'organisation des compétitions,... Il y aura aussi un tournoi jeune et d'autres réjouissances. Nous décidons de nous revoir le lendemain pour réorganiser le stage d'entraîneur. Nous attendons les instructions de Darko (le "mec Anic" comme dit J-L. Seret).

La première journée est presque finie et je suis un peu décalé. Olivier me demande si je veux aller dans un restaurant qui s'appelle "L'Eté Indien". Je lui réponds "On ira où tu voudras".

Je me suis baigné dans une mer infestée de requin...
ils ont eu peur de moi.

samedi 10 mars 2007

deux photos

Coucou aux Corses

vue que j'ai en prenant le petit déjeuner


Premier jour

1er jour :
J'aperçois Olivier Le Guilly (vielle blague toulousaine). Il m'apprend que Darko a annulé le voyage à cause d'un problème d'oreille (de zoreille ?). Il n'a pas eu le temps de consulter un spécialiste et il avait un peu peur de l'avion, à cause des changements de pression. Il lui est arrivé de rester sourd un mois entier à cause d'un problème similaire. Principe de précaution. Donc point de Grand Maître.
Le stage d'entraîneur est maintenu, il se fera par visio-conférence. Vive internet ! Olivier servira de relais.
Un ancien joueur d'échecs, Daniel, nous attend dans le hall d'arrivée. Il est d'origine chinoise. Ses trois fils sont en métropole, tous ingénieurs. Nous récupérons des voitures de location. Daniel nous conduit chez lui. Deux grandes vitrines couvrent un mur du salon. Elles sont pleines de dizaines de trophées remportées par les enfants de Daniel et Ginette dans des tournois d'échecs. Ginette est aussi d'origine chinoise.
Il y a trois heures de décalage avec la métropole (j'ai failli écrire "avec le continent"). Il n'est que neuf heures du matin à Bastia mais déjà midi à St Denis de la Réunion. Daniel nous invite dans un restaurant proche de chez lui.
Je ne sais pas ce qu'est un boucané d'aubergine, alors je commande un boucané d'aubergine, avec un riz nature. Le garçon me demande si je souhaite une sauce au pois avec le riz. Daniel me fait signe que oui. Je prends donc une sauce au pois avec le riz. Le boucané est composé de lard de porc fumé (boucané). Les morceaux sont généreux, fondants, délicieux.


Avant de nous rendre dans le sud de l'Île, nous visitons rapidement Saint-Denis. L'air est humide et chaud, il fait vingt degrés de plus qu'à Paris et dix de plus qu'à Ajaccio. Daniel nous sert de guide. Dans les rues, les filles ont la peau cuivrée. J'ai en tête, une chanson de Gainsbourg "Dans la chaleur torride de sa croupe d'airain …" (la fin est assez vulgaire).
Une mosquée côtoie une cathédrale. Un temple tamoul jouxte une synagogue. Les magasins indiens vendent des produits thaïlandais. Les filles ont la peau couleur de miel.
J'ai lu, je ne sais où, que l'Île Bourbon était devenue l'Île de la Réunion à cause des nombreux mariages mixtes.
Nous longeons le front de mer et, de-ci de-là (va chemine, va trottine…), nous voyons des tas de branches ou de galets amassés. Vestiges du cyclone. Ce sont quasiment les seules traces apparentes, elles ne sont guères visibles. Il y en a d'autre comme les teintes marron de l'océan proche du rivage. L'Océan Indien redevient bleu en s'éloignant de l'Île. Daniel nous montre quelques arbres dont les feuilles semblent brûlées. Expression créole : elles sont chagrinées à cause du vent. Le vent n'a pas été extrêmement violent mais il a duré une journée entière. La plupart des fruits sont tombés des arbres. Les légumes aussi sont devenus plus rares.

Olivier et moi devons nous rendre au sud de l'île, en voiture. Je regarde la carte, nous sommes plein nord. J'ai encore mes repères corse, il nous faudrait au moins cinq heures de route pour faire le trajet dans mon île. Ici, nous en aurons pour moins d'une heure et demie.
Nous quittons Saint Denis pour passer Saint-Paul, Saint-Gilles, Saint-Leu. Serait-ce le 1er novembre ?
Dois-je vous décrire le trajet ? Des photographies seraient plus parlantes, mais je n'ai pas voulu utiliser mon appareil en conduisant. A droite l'Océan, à gauche des collines vertes puis des Montagnes sombres. Je suis surpris par la densité des constructions. Le littoral est épargné mais l'intérieur des terres est occupé sans discontinuité depuis notre départ, et nous avons parcouru plus d'un tiers de la circonférence de l'Île. Il est vrai qu'il y a 800 000 habitants. L'horizon est très vaste pour deux raisons : la route est en hauteur et l'Île est ronde. Je suis habitué aux calanques et aux golfes, c'est-à-dire à une mer enfermée. La Corse est allongée et la Côte Est y est très découpée. La Réunion est arrondie la côte est nette.
Malgré la chaleur, les plages sont quasi désertes : je n'aurai pas besoin de rentrer mon ventre. J'aperçois des surfeurs et je me demande si les requins les aperçoivent aussi. Nous sommes dans l'hémisphère sud, à l'Est de l'Afrique et je lis ce panneau "Pavillon Bleu de l'Union Européenne".

L'Etang-Salé s'étend devant nous. Nous nous rendons sur les hauteurs. Jean-Marie, le Président de la Ligue, n'est pas encore chez lui. Olivier me conduit donc chez Gisèle qui nous héberge. Giselle est aujourd'hui à la retraite. Elle et son mari ont commencé à travailler à l'âge de neuf ans.

Un petit oiseau rouge, appelé "cardinal" s'est posé à côté de mon ordinateur.

jeudi 8 mars 2007

Départ de Corse vers la Réunion

Bastia : Je pars pour l'Île de la Réunion. Dans la voiture qui me mène à l'aéroport, je regarde la jauge d'essence, je n'ai qu'un quart du réservoir. Cela sera-t-il suffisant pour arriver à Saint-Denis ?
Nous avons eu des échanges par courriers électroniques avec l'organisateur du stage, Jean-Marie Barré. Il m'a pris un billet d'avion électronique. Jusqu'ici tout était virtuel et je suis un peu surpris qu'on me laisse embarquer. Après tout, le stage d'arbitrage va peut-être réellement avoir lieu ?
On me confisque ma petite bouteille d'eau. J'avais oublié ce point de sécurité.
Départ de Bastia. Dans l’avion qui me mène à Orly, je suis assis devant un couple d’idiots. Le mari explique à son épouse : "Tu vois, là-bas, c’est le Cap Corse", en lui montrant le Sud. Un peu plus tard, c'est elle qui tente d'expliquer le principe du sudoku. Après dix minutes d'explication, il n'a toujours pas compris. Elle commence à lui parler plus fort et tout l'avion profite de ses conseils. J'ai envie de me tourner vers eux et de lui dire : "Madame, ce n'est pas la peine de hurler, il n'est pas sourd, il est juste idiot."

Orly, j'arrive devant un guichet vide… tout le monde a déjà embarqué, je suis l'avant dernier passager. De nombreuses places sont vides. L'avion est grand mais il n'y a que deux cents passagers. Quelque part doivent se cacher Olivier Letreguilly, éditeur et joueur de talent, amoureux de la Réunion, et Darko Anic, Grand-Maître, qui doit animer un stage d'entraîneurs. Je prends ma place, 18A, contre le hublot. Onze heures de vol et dix mille kilomètres. Je m'endors au-dessus d'Alexandrie et je me réveille à Madagascar.
"Mesdames et Messieurs les passagers, ici votre Capitaine, nous allons bientôt atterrir à l'Aéroport Santos Dumont". Puis, quelques instants plus tard, "Mesdames et Messieurs les passagers, ici votre Capitaine, l'aéroport de Saint-Denis ne s'appelle pas Santos Dumont mais Rolland Garros".

Je débarque parmi les premiers. Dans les couloirs, une chaleur moite. Nous surplombons le restaurant. Une odeur de carry m'envahit les narines, comme on l'écrirait dans un roman d'aventure. Je passe le contrôle de police. La policière sourit, elle est blonde.