Je commence à discuter avec le chef de la délégation chinoise dans l'avion. Entre nous deux, un jeune grand maître demande à changer de place, il ne parle pas anglais. Il est remplacé par le n°1 chinois, 14e joueur mondial, qui nous sert de traducteur. Il s'appelle Ding, et ses parents l'ont appelé ainsi parce que ça sonne bien. Je l'avais rencontré l'année passée à Capelle la Grande. Il avait remporté le tournoi devant plus de 600 joueurs.
Mais, est-ce ma conversation ou les 8h de vol qu'il a déjà accumulées ? Qui dort ? Ding.
Je somnole aussi, et après 2h30 de vol, nous arrivons à Yerevan, capitale de l'Arménie, et terre natale des ancêtres de C.
Ma valise est la première à sortir, normal, c'était la dernière à être entrée dans l'avion. Je suis donc le premier à passer la douane à qui je présente mon passeport. Elle s'en tamponne.
Grande foule, et au milieu de la foule, un symbole universel : un échiquier. Un monsieur derrière le panneau. Je suis fatigué, j'ai failli tomber dans le panneau. Il me demande si je parle russe. Niet. Arménien ? non plus. Il me fait signe de ne pas bouger. Il a une liste, je lui dis que les chinois arrivent. Et à chaque fois que des asiatiques sortent, il me questionne du regard. Finalement ils arrivent... ah ben non, il en maque un. Un problème avec son passeport... j'indique au monsieur au panneau qu'un chinois est bloqué, qu'il discute avec la douane. Le monsieur au panneau répond avec un sourire : "s'ils discutent, il n'y a pas de problème". Et il avait raison, dix minutes après tout est en ordre, et nous prenons le bus pour Tsakhkadzor (encore 1h15 de route).
Nous traversons la capitale, tous dans un état semi-comateux (sauf le chauffeur, enfin... j'espère). La musique à fond n'empêche pas les chinois de dormir. Mais quand j'entends la musique de "La Vérité si je Mens" je me demande si je ne suis pas en train de rêver.
Accélérons. Route qui monte, qui monte, station de ski. Tsakhkadzor. Neige. Hôtel !
A la réception, un jeune homme très compétant photocopie mon passeport, me donne ma clé, et commence à me parler des avantages dont je bénéficie en tant qu'invité spécial... je n'ai rien contre le spa ou la piscine, au contraire, mais il est bientôt 4h du matin, et je voudrais juste un lit... hélas, il a l'air tellement gentil que je n'ose pas l'interrompre... mais mon visage me trahi et il me demande si je suis déjà venu... ça doit se voir que son discours pourtant très attentionné ... zzzzz...
Je serais ingrat (en un seul mot) de ne pas être reconnaissant : voici ma chambre
Je m'endors rapidement et me réveille 5h plus tard en pleine forme (tu parles !)
J'ouvre les rideaux et je tombe sur :
Un peu différent, mais très joli également :
Dans le hall immense, je croise Emile Sutovsky, qui me dit en français "Bonjour Monsieur, comment allez-vous ?", ça fait plaisir, on se sent en famille.
La salle du restaurant, Aronian, Leko, Motylev, et des gens moins connus, dont moi ^^
Puis, je visite un peu l'hôtel immense. Les couloirs sont très larges, et je m'attends, d'un moment à l'autre à voir un petit garçon sur un tricycle ou Jack Nickolson avec une hache.
Je cherche un peu le chief arbiter, mais nous avons le temps, la réunion technique est à 22h. Sans l'avoir trouvé, je remonte à ma chambre, et lui envoie un mail pour indiquer que je suis bien là (et bien las...), et que tout va bien.
Petite révision des règlements, et il est déjà l'heure du déjeuner. Je tombe sur Ashot Vardapetyan, le chef (je serai le sous-chef), Président de la commission des règles du jeu de la fédération internationale (je suis membre de cette commission depuis peu), il est l'un des arbitres internationaux les plus respectés. C'était l'arbitre du dernier championnat du monde entre Carlsen et Anand, en Inde. L'homme est souriant, affable, d'une grande culture. Je lui parle un peu de mes liens avec la communauté arménienne de Marseille (80.000 personnes ! ... pas mes proches, juste les marseillais d'origine arménienne). Il me raconte alors que la sœur de sa grand-mère a longtemps vécu à Marseille.
Il enchaîne sur son amour de la littérature française de la fin XIXe début XXe, il me parle d'Alexandre Dumas. Je lui dis alors que j'habite en face du Château d'If où le Comte de Monte-Christo fut prisonnier (oui, bon d'accord, je n'habite pas tout à fait en face, mais si on a plus le droit d'exagérer sur Marseille ...). Nous parlons de Maupassant de Balzac, bien loin des préoccupations techniques de deux arbitres. Ashot avait les mêmes lectures que moi adolescent. Aujourd'hui, nous avouons tous les deux ne plus beaucoup lire.
Passons aux choses sérieuses. Visite de la salle, coordination des actions, répartition des rôles.
Dans le plus pur style soviétique, boiseries imposantes et lustres immenses. La salle est en cours de préparation, les parties ne débutent que le lendemain à 15h.
Depuis le balcon du 1er étage, j'observe les danseurs répéter pour la cérémonie d'ouverture.
18h45, je reçois un coup de téléphone, comme tous les officiels du championnat du monde. Présence immédiate attendue. Le président de la république arrive.
Un rapide coup d’œil par la fenêtre, un car de régie tv, des SUV noirs, et beaucoup d'uniformes. J'évite de les prendre en photo.
Je descends, et retrouve l'arbitre internationale géorgienne Margalita Tandashvili, avec qui j'avais travaillé à Batumi, pour les Championnats du Monde féminin de rapide et blitz.
Egalement présent pour la cérémonie d'ouverture, Alireza Mousa Ali, arbitre international iranien à ma gauche sur la photo ci-dessous.
On ne rigole pas, voici le président de la fédération arménienne qui occupe son temps libre en étant président de la république !
à suivre.
Le championnat va-t-il enfin commencer ?
Où sont passé les chinois ?
Samy Shocker va-il se réveiller ?
Ivanchuck va-t-il s'asseoir à la bonne place ?
vous le saurez en suivant nos prochaines aventures...
1 commentaire:
Ding, donc...!
le Captcha ci-dessous est très drôle, je n'y arrive pas, sûrement l'âge !
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