lundi 12 octobre 2015

les arbitres au Grand Prix Féminin de Monaco (cet article n'est pas drôle)

D'abord il faut des forces, donc le matin, on mange des mouettes.


En fin de matinée, on révise les règlements internationaux


A midi, on sociabilise avec les joueuses. C'est important d'être à leur écoute. Certaines ont trop chaud, d'autres ont trop froid. On les écoute. On ne peut pas résoudre le problème, à moins qu'elles aient toutes trop chaud ou toute trop froid, mais on les écoute. Essayez avec celle qui partage votre vie : écoutez-là... et éventuellement, mais c'est secondaire, résolvez le problème.
Ce jour là, je déjeune avec Pia Cramling, suédoise licenciée à Monaco, ancienne n°1 mondiale, deux fois championne d'Europe. Elle fait partie du camp de celles qui ont chaud. Elle me dit qu'elle aime bien jouer en Espagne car il fait très chaud à l'extérieur, et donc, les Espagnols mettent la clim. Alors que dans son pays, la Suède, il n'y a pas de clim, et on ne peut pas toujours ouvrir les fenêtres, donc il fait chaud, trop chaud.

Arrivent dans le restaurant le Salon Rose, Monsieur et Madame Lazarre. Le patron d'Europe Échecs, Bachar Kouatly, les accompagne. Ils viennent nous saluer car ils sont bien élevés.
Je connais Pascal Lazarre depuis le siècle dernier, et je l'ai toujours vu en jean ou perfecto de cuir. La veste et la cravate lui vont très bien. Pascal est l'organisateur du Cap d'Agde que j'ai arbitré pendant des années.
JM Rapaire (à droite), P. Vasseur à gauche et P. Lazarre, très à gauche
au club devant un jeu offert par Fidel Castro à la Havane en 1966
(photo EE)

Pia va se reposer à l'hôtel, je vais au Salon où se joue le Grand Prix.
Nous avons tout installé hier soir, mais il faut vérifier que tout est en place : chevalets avec les noms à la bonne place, pièces bien disposées, feuilles de parties avec les bonnes en-têtes. Les stylos officiels (les joueuses n'ont pas le droit d'utiliser leur propre stylo pour éviter d'avoir un stylo connecté). La lumière ni trop forte, ni trop faible. La clim... non pas la clim.


J'avais signalé à un employé de la restauration qu'il fallait changer deux nappes tachées de café ou de jus de fruits... comme les parties sont filmées... Elles ont bien été changées, mais les noms sur les tables ont été inversés. Nous frôlâmes le drame.
Un petit tour dans la salle d'arbitrage, une salle luxueuse et secrète où, en temps normal, s'isolent les clients les plus discrets... n'en disons pas plus.

On vérifie les fruits.

des pommes des bananes (pas beaucoup), pas de noix

On allume les pendules, on en check le réglage. Les batteries ont été testées en début de tournoi, elles étaient au maximum, pas d'inquiétude. Il reste une bonne demi-heure avant le début, tout est ok.
Arrive un monsieur qui réalise l'exploit d'être élégant sans cravate : Pascal Vasseur, Président de la Commission Fédérale d'Activité de la FSGT Échecs. Encore un organisateur du Cap d'Agde !
Quelques instants après, apparaît la Directrice Régionale de l'Arbitrage de la Côte d'Azur, Chantal Baudson. J'officie donc sous son contrôle en ce moment (le club de Monaco joue dans le Championnat Français).
Monsieur Philippe Botto, vice-président du club de Monaco, fait visiter les lieux.

Salon Médecin. La directrice et le vice-président.
Des gens formidables et qui ont un excellent goût dans le choix des blogs qu'ils lisent

Anastasia lance le compte à rebours. Une seconde de retard et c'est partie perdue.
Une poignée de minutes avant l'heure fatidique, on compte les joueuses. Une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze... damned il en manque une... ah non, Almira arrive, élégante.
Photo, photo, photo,...
Je demande à Pascal V. et Chantal B. de se placer derrière les barrières.
Le CEO de la FIDE, Geoffrey Borg, arrive, je lui tends la main, il me tend la joue. Dois-je le gifler ou lui faire une bise ? Je suis un peu inquiet que nos poils fassent velcro, mais finalement non.

Début de la ronde. Nous vérifions que les pendules ont bien démarré... et c'est le calme.
Parfois, je vais prendre une position stratégique au fond de la salle : un fauteuil d'où je vois les joueuses en live, où je peux suivre les parties et contrôler le temps sur l'écran, donc sans déranger les joueuses. Et puis je suis au milieu des spectateurs que je peux faire taire. Je suis également proche de l'entrée où passent les employés du Casino un peu bruyants que je ne peux pas faire taire.

au premier plan, la n°1 mondiale
à l'arrière plan le 63.142e mondial (véridique)

Parfois, je vais suivre, de loin, l'unique joueuse fumeuse dans l'espace réservé. Cette terrasse donnerait presque envie de fumer (mais fumer c'est mal, les fumeurs vont en enfer... et ils sont contents parce que ça brûle).


Parfois, je plonge entre la Championne du Monde et la Championne Suédoise : admirez l'élégance du geste technique !
Ici, il fallait vérifier la nulle par répétition. Elles ne peuvent pas décider du partage du point avant le 30e coup, sauf si la position se répète trois fois. D'où l'intervention de l'arbitre.

(note pour moi même : mettre une pince à cravate)

Et les parties continuent et nous faisons milles petites choses que je vous détaillerai demain ou après demain.
J'ai terminé la soirée avec un couple charmant. Et quand les serveurs ont commencé à ranger les chaises et éteindre les lumières, nous y avons vu comme une allusion discrète à la fermeture prochaine.

Je rentre à l'hôtel. Dans l'ascenseur, un polo Ralph Lauren se plaint à un polo Lacoste de devoir faire l'aller-retour à Genève puis à Tel-Aviv. Les gens sont d'un snob...
Bon, je vous laisse j'ai rendez-vous avec le Ministre d'Etat (1er Ministre) ... comment ça moi aussi je deviens snob ?? Pas du tout, j'ai toujours été snob !


Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Merci de votre attention.
Demain, nous découvrirons comment Ljubojevic a mis la pâté à l'équipe de France en 1978, et la blague de Hou Yifan à ce sujet !

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